biographie

Artiste plasticienne spécialisée dans la création et la manipulation d'images numériques, à travers des projets participatifs, des œuvres sur papier et des performances audiovisuelles.
- Quel est mon rapport à l'autre ?
Elle pense ses mélanges comme des rencontres. Fixes ou animées, elle créée une interaction entre les images ou les mediums sans limites culturelles de genres et de valeurs. Sans place précise elle examine le sensible. Percevant les distorsions du monde qui l'entoure elle superpose, elle incruste, elle retourne, elle filtre, elle mixe les images qu'elle filme et photographie, pour nous en livrer le symbolisme et l'ironie.
Ses projets expérimentaux impliquent le traitement en temps réel de la matière visuelle, fichiers vidéo ou caméra, donnant lieu à des performances audiovisuelles en direction du public, d'ateliers participatifs, et de vidéos artistiques. Elle participe à des festivals et des expositions collectives, Festival d’Oodaaq, Biennale Internationale de l’Image de Nancy, Festival VISION’R, Nouveaux Cinémas, seule ou en collaboration avec des musiciens.
Dessinatrice, elle a su trouver une écriture visuelle originale avec des personnages singuliers et expressifs, à travers lesquels elle questionnent la communauté et la place que chacun y cherche. Issue de la Figuration Libre son style est à la fois graphique et pictural, chaque trait est un souffle, chaque couleur une dérive, et derrière chaque geste se cache une vérité : ensemble, nous sommes liés.

en détail

1er prix de dessins à 7 ans. Diplômée des Beaux Arts d'Angoulême et de l’ENSAT Paris, elle multiplie les expériences en matière de création visuelle. À partir de 88 à travers la publicité, le dessin, la peinture, la photographie, l'art numérique, avec des expositions en France et à l'étranger, Biennale Internationale de l’Image de Nancy, FotoFreo Perth Exhibitions...
À partir de 2001 son travail s’oriente vers l'image animée et la vidéo expérimentale. Elle présente ses films à Proj«ect» Festival des Nouvelles Images, à Musicvideoart un Festival organisé par Heure Exquise!. Fin 2006 elle s’initie à la technique du VJing au sein du collectif Digital Movida, et présente ses images vidéo sous forme de performances audiovisuelles en temps réel dans un contexte d’improvisation-création qui lui offre un accès direct à la musique et au public.
Elle mixe régulièrement depuis 2007 pour la scène parisienne, proposant des créations originales en club au Bizz'Art, en soirées au Batofar, pour des festivals: les Nouveaux Cinémas, LaptopsRus compétition organisée par Shu Lea Chung, les Arts Fous,... à la recherche de la stimulation plurielle des sens.
Elle explore la création simultanée du son et de l'image en collaboration avec des musiciens issus de la scène électronique et expérimentale, sur des concepts structurés comme "Dream her & Other Dream" avec Caroline Duris, et "Chasers", un Mashup Band avec Angie Eng et Atau Tanaka, ou sur des scènes ouvertes comme avec Atau Tanaka au 59 Rivoli, et Maxence Larrieu et Aurélien Bourdiol au festival d’art urbain Give Me A Wall So I Can Escape.
En janvier 2015, de nouvelles collaborations avec des artistes chanteurs et musiciens, comme le groupe The Distroy et Mariline Maro, lui permettent d’élaborer un concept de “lumière vivante”. Une mise en lumière vidéo sur fond noir incluant une base de silhouettes lumineuses directement projetées sur l’artiste interprète et les musiciens, qui deviennent acteurs de l’image et support central du jeu graphique créé en direct. Un univers scénique sensible et énergique à la fois, applaudit au Petit Théatre du Gymnase. En participant à ces compositions audiovisuelles éphémères, elle présente l'image comme un spectacle vivant.
Avec la VideoBass* elle développe une approche physique du jeu visuel. Cette console midi lui permet d’aborder la partition vidéo comme un musicien, de se déplacer librement sur la scène, et de se concentrer sur l'interaction avec les autres artistes. Elle joue de cet instrument en réunissant différentes formes de configuration de l'image en mouvement, des séquences filmées, et des prises de vue en direct, dans des combinaisons variées de rythme, de volumes et de motifs.
Sous l'emprise créative du XXe s, elle expérimente à travers chaque projet de nouveaux axes dans le langage visuel et la narration abstraite, avec la poésie comme source formelle de ce langage pour ses qualités esthétiques et évocatrices au-delà du sens apparent, et pour son ouverture à de multiples interprétations à travers le symbolisme et l'ironie.

Dessinatrice, elle remplis depuis longtemps des carnets de dessins. Elle crée des formes à partir de lignes, comme on écrit, parfois avec des taches. Ses personnages singuliers sont l'expression du sensible, de l’instinctif, et du hors-normes. Ses dessins repose sur l'intime, ils sont fait de nécessité immédiate, d’intériorité, et de douleurs sublimées. Et de discrétion, rangés comme des journaux intimes que l'on n'envisage pas de partager.
A partir de 2011 elle étudie différents supports au dessin, choisis comme soutien pour ouvrir ses lignes à la lecture. C'est pour elle la mise en place de projets créatifs visant à sortir ses dessins de l'intimité des carnets, et les pousser à la rencontre. Comme une évidence, elle s'offre une référence au mouvement artistique Supports/Surfaces avec une série de dessins sur de petites reproductions imprimées de Jean Pierre Pincemin. Un support de récupération et de création où ses lignes et tâches se mélangent à la copie de l'oeuvre, lui donnant une dimension expressive et personnelle, "Un regard sur..."
Autre support en 2012/13, le ticket de carte bancaire chauffé à la théière, le symbole d’une consommation facile devient une béquille à son univers dessiné, au produit de son imagination. En 2015 avec "Ces êtres chairs" elle fouille sa mémoire et crée de véritables personal narratives, en utilisant comme support à ses dessins des formes de meubles découpées à même le mur sur le papier-peint.
La série de dessins numériques "Clouds", commencée en 2016, utilise les nuages comme support à sa créativité pour fictionner un cloud informatique dé-génératif. Inspirée par le brassage des données issues des vitrines sociales, elle déploie une foule de personnages uniques qui se croisent entre deux mise à jour du système. Elle expose cette série chez Angle d'Art en 2019 sous la forme d'une installation, un Dada Center.
En 2018 elle dessine dans l'air, l'étape ultime pour sortir ses dessins de tous supports ou surfaces. Ses personnages 3d se composent en duos dans un dispositif d'échange. Faisant suite à la serie "Duo" acrylic et "Duo" dessins pour se demander quelle est notre aptitude à l'autre.
Elle teste également et régulièrement de nouvelles surfaces de projection vidéo avec des projets audiovisuels comme "Sans Ecran Fixe" et "Double Face" avec Philippe Bertin à la création sonore, pour lesquelles elle compose des lignes et des corps prenant librement leurs ébats. Ou encore "Wind’oor", création visuelle sur bande qui s’installe et se joue du temps qui passe, rétro-projetée sur une surface translucide, fenêtres, portes, vitrines, vue en 2016 à La Fabrique Made in Bagnolet.
Son exploration numérique à partir de photographies, la conduit en 2018 à plusieurs séries d'autoportraits. L'imagerie que produit "l'Egographie" révèle une identité qui se fonde sur une relation avec l'Autre, indéfini et étranger, et Je, dont la variation intérieure est continuelle.
Avec "Canal Trees", elle collectionne durant 4 saisons le reflet des arbres qui s'admirent dans l'eau du canal. Isolé de son arbre par l'image et retourné, le reflet se montre, et se livre à nous dans toute sa complexité.
En 2019, se demandant comment illustrer la quantité de plastique présente dans les océans, elle actualise le thème du voilier qu'elle représente plastifié dans "Marines du 21e". Une vision onirique des conséquences à long termes d'une mer de plastique.
En 2021, pour l'exposition Art Vital à la Fabrique Made in Bagnolet, elle explore jusqu’à considérer que l’autre est toutes vies qui nous entourent, et que l’être humain est une espèce de la nature. "Water District" est une rencontre d'un autre type. Des photos prises dans la nature lui permettent de créer par symétrie de profondes affinités entre le corps humain et les végétaux, une fusion numérique qu'elle fleuris à l'aide d'un logiciel de création de manga.
Une ouverture vers la peinture numérique.
2022/23, avec son stylet elle peint. Numériquement elle peint l'état du monde, des guerres au tremblement de terre. Sans commentaires. "Inva-zion", "Worldingue".
Fin 2023 elle crée le projet "Twitt'oz" avec l'aide de l'IA. Elle imagine un territoire dédié aux groupes de discussions anonymes, un environnement de fiction boisé à l'ozone, dans lequel des cyber-créatures équipées de casques à liaisons cérébrales à l'autre bout d'un clavier sous X transmettent chaque frappe.
L'IA en 2024 c'est "Vouloir être..." un projet graphique qui illustre des extraits de King Kong Théorie, sur le désir féminin passé sous silence jusque dans les années 50. Exposé à la Fabrique Made in Bagnolet
La même année elle cherche un regard neuf sur ses dessins. Pour cela elle se tourne vers un regard artificiel, une intelligence qui pourrait lui apporter une interprétation originale du trait et de la matière. Elle s'intéresse à la transfiguration de la morphologie des cratères lunaires qui lui est proposée, et conçoit un carnet de bord, "Etude de la lune depuis mon orbite".
Dans le même temps, après l'étape préparatoire "Sortir de l'abstraction de sa case pour explorer l'espace de l'autre", une série de dessins et peinture acrylic sur book papier.
Elle entame en 2023 une série, "Mes Stories", où chaque dessin devient une histoire à raconter. Un mélange de dessin et de peinture acrylic sur papier, bois, toile. Dans sa tête ils sont nombreux, tous unis par le vif. Une communauté qui respire, des voix qui s'entrelacent, des regards à décoder, des émotions à porter. Des personnages en interaction qui cherchent la lumière et sont sans cesse tirée dans le noir.
Qu'elle poursuis en 2025 en se demandant quel est le lien. Etre relié les uns aux autres, relation subtile, fil d'énergie qui tisse les destins. C'est cette connexion qui donne sens à l'existence, sens à un réseau de vibrations. Quand la matière s'unit elle s'éveille. C'est le lien.
Depuis 2015 elle crée des ateliers de mix-vidéo participatifs sur le thème du portrait, "Portrait Public", à la Fabrique made in Bagnolet. Elle propose à chacun de manipuler l’image en mouvement de son propre visage à partir d’une prise de vue vidéo en temps réel, et de réaliser une oeuvre picturale animée et visible en direct sur grand écran. Des selfies-Pop surprenants créés à l’aide de filtres et d’images présélectionnés.
De janvier à mai 2025, elle poursuit son travail "d’ethnographiste" le mercredi à la Maison du Geste et de l'Image. Elle interroge chacun aux yeux de tous à travers des effets graphiques choisis pour créer différents masques qui libèrent une représentation immédiate et vivante de soi-même. Cette approche ludique et conviviale de l'image en mouvement destinée au grand public est fondée sur la création numérique contemporaine et le lien social.

*La VideoBass est un mélange de lutherie et de haute technologie qui permet de jouer des images à la manière d'un musicien, en se concentrant sur le rythme et l'expression. C'est un instrument vidéo qui ressemble à une guitare basse électrique, elle ne produit aucun son, mais des images. Elle permet d'harmoniser jusqu'à 4 flux visuels en temps réel. Avec la main gauche, le joueur sélectionne un clip sur une des quatre cordes, la main droite le déclenche, le mélange et l'affecte avec un des quatre joysticks et une série de faders. Cet instrument singulier est le fruit de recherches sur l’interaction homme/machine, mené par l'inventeur suisse Michael Egger, qui développe une approche musicale de la vidéo.

en questions

souvent posées)

- Quel fut votre premier contact avec l’art ? Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir artiste ?
Initiée au dessin très jeune par ma famille, je sais dessiner un oiseau avant de savoir compter. Je leur dit "je veux faire ça" devant les réclames en dessin animé pour des petits pois et du beurre, diffusées à la tv. À dix ans je suis bouleversée par les planches originales exposées par les auteurs de bandes dessinées pour la 1ère fois au festival d’Angoulême, ma ville natale.
Pour moi, à partir de là il s'agit d'un parcours de vie, d'un moyen d'expression trouvé, d'un fil à tirer, d'une ligne à tenir, d'une vie à sauvée.
En grandissant, je compose des collages sur de grandes feuilles à partir de catalogues de correspondances, je suis satisfaite quand je réussi un aplat de gouache parfait et quand je reproduis à l’aquarelle une photo / de mon chien/ d’un vieil acteur.
Je suis soutenue par ma professeur de dessins pour un passage au lycée en section artistique. Elle nous emmenait volontiers dessiner de vieux villages et avait remarqué ma dextérité au croquis.
Au lycée, j’assimile avec entrain et exaltation l’art moderne et contemporain, guidée par un couple de professeurs d’arts plastiques ravis de nous enseigner des mouvements comme Supports/Surfaces et Fluxus, et de nous détailler les concepts de Cristo et Le Corbusier.
En parallèle, l’école des Beaux Arts exige la rigueur et le travail d’une approche classique mais engagée, invitant l’artiste Ernest Pignon Ernest. Faire, refaire, jusqu’à trouver l’émotion, le sens, le rythme, la composition du motif.
J’enchaîne, et j'intègre sur concours la section arts graphiques et plastiques de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques de Paris, apprendre à maîtriser, accepter et développer une idée et une technique personnelle ou imposée, un processus sur 3 ans permettant de se découvrir, se mettre en danger, et se singulariser.
Je comprends, en passant par la publicité durant plusieurs années, que je peux m’adapter aux contraintes professionnelles, que j’aime développer un concept en série, et que je ne souhaite pas me limiter.
Dans mon parcours j’apprécie m’initier aux techniques numériques, cela me permet d’innover, d’expérimenter jusqu’à présenter l’image comme un spectacle vivant et d’entrer en contact direct avec le public.
Je mets mes compétences au service de mon imaginaire et de mes sensations, devenant un témoin de la vie et de la mort.

- Y a-t-il des thèmes clefs, des messages ou des théories cachés dans votre travail ?
Notre rapport à l'autre est un miroir de notre propre humanité. A travers chaque interaction, nous tissons des liens qui révèlent nos vulnérabilités et nos forces. Un simple échange peut révéler des perspectives inattendues, enrichissant notre compréhension du monde.
Notre rapport à l'autre nous rappelle que nous sommes tous interconnectés, et que chaque rencontre a le potentiel de transformer notre vision de nous même et du monde.
" - j'ai une idée pour ma prochaine exposition. Imagine une image qui capture l'essence de l'autre.
- capturer l'essence de l'autre... Tu veux dire explorer les perceptions différentes ?
- oui ! Dans une civilisation interconnectée nous avons tous nos propres réalités. Et chacune est une dimension à part entière, non ?
- L'interaction entre nos dimensions peut créer quelque chose de nouveau.
- Et si la science et l'art se rejoignaient ? Peut-être que chaque interaction est une exploration.
- Peut-être que l'interaction est la clé pour comprendre ces dimensions. Ce n'est pas juste une question de théorie, mais de connection humaine.
- Alors, partons à la découverte de l'autre." Je dessine des personnages hors-normes avec un potentiel dérangeant, une vision personnelle déroutante qui s'attache à montrer les différences comme un étonnement social. La différence implique la perception de l’autre à partir d’une grille de références physiques et psychologiques. Mon imaginaire se situe à la périphérie de cette grille. J’en fais le tour en m’interrogeant plus largement sur notre rapport à l’autre, et j’interviens en organisant la réunion de médiums.

- Pouvez-vous nous parler un peu de votre approche artistique ?
Mon approche est indépendante et non conventionnelle. Elle se caractérise par le mélange et le traitement de l'image fixe, en mouvement, et par des lignes sans retour
Née en deuil, après que mon foetus se soit entremêlé à celui de ma jumelle et que je l'ai absorbée, je développe des schémas spécifiques à la recherche de l'autre, d'un lien ...
de mon double en utilisant la technique de l'image miroir, jusqu'au handicape et à la découverte de cette signification. J'inventais des projets numériques où couper l'image en deux et la retournée se justifiait. Mes dessins racontaient deux histoires mais la tache d'encre ou de peinture au départ était la même, inversée.
J'expore des matériaux, des supports, et des techniques variés, reflétant la compléxité de mon expérience. Dans un monde en mouvement, je mèle, je mixe, et mes lignes sont sans retour. Chaque geste est une mise en relation, chaque mélange est une rencontre.
Non dénué de références, on peut qualifier mon travail d'art (néo) Singulier. Dessinée ou numérique, ma représentation figurative est libre et spontanée, empreinte d'une charge émotionnelle, et sans contrainte de style. Cette créativité brute et instinctive m'invite à trouver l'inspiration dans mon propre vécu, naviguant entre ombres et lumières.

- Parution 2024
REVUE TRAKT - Le magazine de l'art postBrut et néoSingulier - "A travers mes dessins j'exerce mon pouvoir de révélations libératrices avec "énergie, humour, violence, inconvenance, jubilation".
Par un défaut d'hyper sensibilité, la pochette surprise de mes émotions croise un mental débridé. Un équilibre qui infuse et diffuse un imaginaire singulier sur les distorsions qu’il perçoit du monde.
Les pieds pointés j'ai pris la contre-allée, je me suis emportée, transportée... hors des cordes.
Mes histoires sont derrière le rideau, la cachette à démons est dans ma tête. D'une chromie alternative à temps complet au gris osé, le temps s'ex-trait.
Le rideau est grimpé, un pli blanc apparait. Tendre le cou sans le tordre pour se tisser plus haut. Points serrés, poings lâchés. Lâcher les mains au dessus de rien !
Les lignes sont en formes. Le graphisme est pictural. La figuration est libre de manoeuvrer aux intersections, et d'éclairer les déviations sur dix parités et dix semblables. De désillusions en des illusions, rien n'est vrai, tout est permis. Remettre une couche de fluidité absolue. Comment conjuguer le verbe chanceux à ma personne, sans insolence.
De quelle couleur est le rouge ? quand il se couche. Je lève le store."